Sandrine Marcot, Présidente Déléguée de l’UBH interviewée par Le Journal du Luxe
Comment se porte le secteur de la bijouterie-horlogerie ?
Le secteur est toujours en croissance depuis la fin du Covid. Dans notre domaine, qui n’est pas celui du luxe, mais plutôt du précieux, on continue à observer une progression même si elle est, logiquement, moins significative qu’elle ne l’a été après la pandémie ; les achats revanche et plaisir s’étant régulés et faisant l’objet d’arbitrages face aux voyages et autres loisirs.
Comme beaucoup d’industries, nous prenons à bras le corps de nombreuses transformations. Alors qu’on clamait l’urgence de la digitalisation depuis 2020, certains commerçants ont pris conscience très tardivement de l’impériosité d’être présents sur les réseaux, d’avoir un site vitrine, un chat, voire un site marchand. Au sein de l’UBH, nous avons pu, avec le soutien de Francéclat, accompagner nos adhérents sur la digitalisation. En effet, Francéclat octroyait aux bijoutiers qui lançaient ce chantier, une enveloppe de 1000 euros dès 2000 euros investis. Une initiative baptisée DIGI1000 qui est toujours d’actualité.
Outre la transition digitale, la transition écologique est au coeur de tous les débats. À quelle vitesse s’opère-t-elle pour vos membres ?
C’est en effet l’autre urgence : la nécessité de mettre en place des politiques RSE ambitieuses. Un sujet qui n’est pas si simple à porter car même si chacun est conscient, à titre individuel, de la nécessité d’accélérer la transition écologique et environnementale, beaucoup de commerçants y voient des coûts et interrogent le ROI de ces investissements. Les grands groupes ont pris le sujet à bras le corps, les indépendants y travaillent petit à petit. Francéclat a également mis en place un dispositif similaire à DIGIMILLE pour accompagner la décarbonation des commerces. Il s’agit de DECARBO1000.
Notre prochain congrès sera à ce titre très orienté RSE. Notre ambition est de permettre à chacun de nos adhérents de monter en compétences sur ce sujet, de transmettre un maximum d’informations et surtout de proposer des solutions d’accompagnement aux commerçants. La digitalisation, l’innovation et la RSE sont aujourd’hui le nerf de la guerre, et nos adhérents, qu’ils soient indépendants, succursalistes ou membres du commerce associé, ne peuvent plus lever le pied. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons décidé de mettre en lumière les meilleures initiatives en la matière avec le lancement des Trophées de l’innovation et de la digitalisation qui seront décernés au moment du Congrès.
Les Trophées de l’innovation et de la digitalisation mettront également à l’honneur la ré-industrialisation de l’horlogerie française. Pourquoi ce focus ?
On sent une envie de nouveautés, de diversification de l’offre chez les détaillants, poussée par les consommateurs. Le « fabriqué en France » séduit de plus en plus. C’est donc assez logiquement que nous soutenons ce projet de ré-industrialisation de l’horlogerie française aux côtés de France Horlogerie. Le cabinet Square Management a accompagné France Horlogerie sur l’analyse de la définition des besoins, faisant apparaître plusieurs axes de développement importants. Il manque notamment en France des composants critiques pour créer une montre 100 % française , ce qui met en avant la nécessité pour les industriels français de « travailler ensemble », de coopérer sur certains sujets transverses. France Horlogerie travaille actuellement à la création d’un établissement collaboratif d’innovation (ECI) qui est en train de prendre corps ainsi que sur d’autres axes d’innovation pour accompagner les industriels français.
Ces prix seront l’occasion de voir et donner à voir l’ambition des marques engagées dans ce projet, avec de nouveaux produits pour certaines et l’implication des jeunes marques dans le fabriqué en France. Ils seront également révélateurs des meilleures initiatives en termes de RSE, de digitalisation des parcours clients, d’innovation en matière d’expérience client, au total ce seront 11 prix qui seront décernés par un jury d’exception réuni le 1er juin prochain.